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Description et analyse de l’action des banques centrales dans le cadre de la crise financière internationale de 2007

Quels enseignements pour la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest ? par Nasser ARY TANIMOUNE, Professeur adjoint, Université d’Ottawa

 

La crise financière, commencée en 2007 aux Etats-Unis, s’est d’abord propagée dans les pays industrialisés, avant d’atteindre les pays émergents. Partie de la baisse des prix dans le secteur de l’immobilier américain baptisé « crise des subprimes », cette crise s’est transformée à la fin de 2008 en une crise économique affectant pratiquement tous les pays. Son ampleur dévastatrice, surpassant celle de la Grande Dépression de 1929, a révélé des aspects de l’intermédiation bancaire dont les contours et les impacts ont été jusqu’à lors largement sous-estimés. Il s’agit de l’état très avancé de la libéralisation financière, le développement des mécanismes complexes d’endettement des intermédiaires financiers et l’importance de la mondialisation des activités financières. En ce qui concerne le premier aspect, l’évolution de la libéralisation financière a permis aux banques d’aligner leurs conditions de financement sur celles des marchés boursiers. Cependant, elle a aussi fragilisé les intermédiaires bancaires en les rendant plus vulnérables aux chocs des marchés financiers, notamment aux variations des taux d’intérêt. S’agissant du second aspect, le développement de l’ingénierie financière, de plus en plus élaborée, a rendu possible une offre accrue de financement à une clientèle à haut risque ou ne présentant pas les garanties nécessaires. Toutefois, avec l’engouement généralisé pour la titrisation, ces financements étendus à des secteurs et des débiteurs ayant des fortes probabilités de défaut de paiement se sont avérés très risqués. Pour ce qui est de la mondialisation, la crise de 2007 a révélé l’importance des effets de contagion pouvant affecter les systèmes financiers à l’échelle mondiale. 
La conjonction de ces faits, combinée à une régulation prudentielle laxiste, a mis en exergue la portée dé-structurante – sinon destructrice – du modèle de financement des économies plus libéralisées. En effet, avec le développement des actifs dits toxiques et la crainte des institutions bancaires de s’en retrouver détentrices, il s’en est suivi une paralysie du marché interbancaire. L’ampleur et la contagion de la crise financière ont été proportionnelles d’une part, à l’exposition des ménages et des entreprises et d’autre part, au degré d’imbrication des systèmes financiers à l’échelle mondiale. Les places financières des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) ont été les premières à être affectées par cette situation. Puis, ce sont les pays émergents qui ont été atteints par les contrecoups de la crise initiale des subprimes. En l’occurrence, dans le cas de ces pays, il ne s’agissait pas tant de la faillite de leur système financier que des répercussions sur leurs productions nationales et leurs échanges internationaux.